Les aventures de Lenny l'Agneau

Retrouvez tous les épisodes des aventures de Lenny l'Agneau

Depuis sa naissance, Lenny connaissait la chaleur de la bergerie et le vert des prairies voisines. Lenny adorait les découvertes, il adorait aller dans de nouveaux prés. C’était un agneau de lait très curieux et dégourdi. Au fil des jours, un désir d’aventure grandissait en lui ; il se demandait quand et surtout comment il pourrait explorer ce monde.

Ce soir-là, un soleil couchant berçait les Pyrénées.
Assis au sommet du pré, Lenny observait les montagnes en se posant des tonnes de questions :
Quels animaux vivent là-bas ? Quelles fleurs y poussent ? Quelle taille font ces rochers là-bas ? Sont-ils petits et proches ou grands et lointains ?
Chaque vallée semblait renfermer un mystère. Chaque plateau pouvait être le lieu d’une aventure. Chaque col pouvait cacher un nouveau monde.


“Impossible d'avoir des réponses sans y aller… Je dois aller voir par moi-même” songea-t-il.


Wouf. WOUF. L'aboiement le sortit de ses pensées.
D’une voix grave et profonde, Peio le patou l'interpella :

- Lenny, que fais-tu là, aussi loin du troupeau ?
- Je… je regarde la montagne.

- Wouf, tu devrais rentrer, on ne sait pas quelle bête dangereuse rôde.

Peio le patou était né et avait grandi dans la bergerie. Il s’était pris d’affection pour tout le troupeau qu’il considérait comme sa famille. À la différence des autres chiens, il préférait les brebis aux hommes.
Il n’avait pas toujours bon caractère mais il avait bon cœur. Si vous faisiez partie du troupeau, il était votre allié.
Par contre, si vous étiez un humain de passage, il valait mieux garder ses distances.
En effet, les patous sont mignons mais mieux vaut ne pas s’en approcher !


- Je suis juste allé en haut pour mieux voir les montagnes, argumenta Lenny.
- Tu ne devrais pas t’éloigner, tu n’es qu’un petit agneau…
Peio servait, de nouveau, son discours sur la sécurité et les dangers du monde, ce qui agaçait le pauvre Lenny… À croire que des loups se cachaient derrière chaque brin d’herbe.
- Je peux me débrouiller, je suis plus fort que tu ne le crois ! rétorqua fièrement Lenny. Après tout, comment pourrait-il espérer explorer les montagnes s'il ne pouvait même pas se rendre au bout du pré !
- Ça suffit maintenant Lenny !! Va auprès de ta mère, elle s’inquiète ! se fâcha Peio.
Le soleil se couchant, Lenny rentra.
L’agneau de lait était déterminé : 
“Je vais leur montrer que je peux me débrouiller tout seul. Ce soir, ils verront bien ! ”

Que va faire Lenny ? Va-t-il quitter bergerie et famille pour partir seul, sans la protection de Peio ? Pour découvrir la suite de ses aventures, rendez-vous le mois prochain !

Le plan était simple : partir la nuit et revenir le matin. À leur réveil, le troupeau et Peio seraient bien obligés d’admettre que Lenny savait très bien se débrouiller.

Cette nuit-là, Lenny s’employa à ne pas s’endormir. Alors que tout le monde ronflait dans la bergerie, il attrapa son sac à dos, et y enfourna son doudou et sa tétine : le nécessaire pour l’aventure qui l’attendait.

En quelques enjambées, il franchit les barrières de la bergerie. Le monde s'offrait à lui.

Illustration Lenny

Il traversa des prés, des champs, des routes où des engins passaient à toute allure. Bientôt il rejoignait le bois avoisinant. Fatigué par cette longue marche, Lenny se lova sous un arbre et ferma les yeux. “ Quelques minutes de repos avant de rentrer. ” se dit-il.

Illustration Lenny

Le soleil finit par le réveiller. C'était un matin frais et humide. Le parfum de l’humus emplissait ses nasaux. Sa laine était couverte de rosée. Il tremblait.

Lenny aurait aimé être auprès de sa mère Linette et de sa sœur Lilly. Depuis des mois déjà il n’avait pas passé une nuit sans elles. Il n'avait pas réalisé combien ils se tenaient chaud, ensemble, dans le troupeau.

Les brebis avaient dû se réveiller. Elles devaient être affolées de ne plus le voir. Quid de Peio le patou et du berger ? Lenny avait trop dormi !

“ Très bien, rentrons vite ! ” se dit-il.

“ C’est par là ! ou par là ? ou…” De jour tout semblait différent, Lenny ne s’y retrouvait plus.

Il avança finalement, en espérant avoir pris le bon chemin.

 

Lenny a-t-il pris le bon chemin pour rentrer à la bergerie ? Va-t-il croiser de dangereux animaux ? Pour découvrir la suite de ses aventures, rendez-vous le mois prochain !

Le bois nen finissait pas. Tournait-il en rond ?

En route, il croisa une drôle de bestiole. Sa « fourrure » était rigide, toute hérissée de pointes. Le petit animal ne lavait pas encore remarqué, trop occupé à déguster une grosse limace bien baveuse.


« Lenny c
est ta chance » pensa-t-il :
- Hum hum… excusez-moi je…
- Hein CHoi ? Aux CHabris ! s’écria la bête, la bouche pleine.


En un éclair, lanimal se plia en une grosse boule pleine d'épines.
Lenny lui avait manifestement fait peur…

                                     

- Vous ne craignez rien, je suis doux… comme un agneau. En fait, je suis un agneau. Lenny lagneau. Et vous, vous êtes ?
La bête rassurée, répondit :
- Un hérisson, Gaston le hérisson. Gaston sortit sa truffe et jeta un œil sur Lenny. Ça ne va pas de faire des frayeurs pareilles ?
- Oh désolé monsieur Gaston, je ne voulais pas, mais voyez-vous j
ai besoin, jai besoin… Lenny s'arrêta. Pourquoi vous navez pas de fourrure ou de laine ?
- De laine ? De LAAAAINE ? Hahaha !
Gaston se roula en boule de rire. Elle est bien bonne celle-là. Si jen avais, je ne serais donc plus un hérisson mais un Lainisson”. Et toi, pourquoi as-tu de la laine sur le dos ? torqua Gaston.
- Bêh pour me tenir chaud, et pour faire des câlins à ceux que j
aime.
- Des câlins ? C
est quoi ça ? s’étonna Gaston
- Heu comment dire ? C
est quand on se colle les uns aux autres parce qu'on saime. Lenny pensa à sa mère.
- Quelle drôle didée… songea Gaston. Chez les hérissons, on aime les relations plus… piquantes.
- Piquantes ?
- OUI, PI - QUANTES ! VOUS les moutons, vous manquez de PIQUANT.
- Je sais être piquant,
rétorqua Lenny, qui naimait pas quon lui dise qu'il manquait de quoi que ce soit. Surtout de piquant ! Bien quil n’était pas sûr de ce que cela voulait dire dans ce contexte. Je vais te montrer moi, que je ne manque pas de piquant !


Lenny marcha jusquau châtaignier le plus proche, avant de se rouler sur le sol parsemé de bogues de châtaigne. Elles saccrochèrent à la laine de lagneau qui revint vers Gaston, tout hérissé de pointes vertes.

                                         

- Alors tu vois !?  annonça fièrement Lenny.
- OK tu sais être piquant aussi. Te voilà devenu un Lainisson !
Gaston fut surpris et amusé par l
astuce de Lenny puis il interrogea : « Mais en fait, que fais-tu ici sans ton troupeau ? »
- Bêh j
oubliais, je dois vite retourner à la bergerie ! Saurais-tu mindiquer le chemin ?
- Je peux t
indiquer les coins à limaces, les coins à cloportes, les coins à escargots - MIAM - les coins à vers de terre ! Mais… Les coins à bergerie, je ne connais pas.
- Merci quand mê
me Gaston, désolé, je dois filer ! Jai été enchanté. Lenny déguerpit en sautillant.
- Pas par là malheureux, ce n
est pas le bon coin ! avertit Gaston. Mais lagneau était déjà parti.

 

Où menait le chemin pris par Lenny ? Avait-il pris le bon chemin ? Pourquoi Gaston avait-il mis en garde Lenny ? Pour découvrir la suite des aventures, rendez-vous le mois prochain !

Le temps s’était réchauffé. Sous lombre des chênes, Lenny continuait de progresser.
Il ne tarda pas à rencontrer une petite bête bien mignonne qui fouinait le sol parsemé de glands.

 


- Bonjour ! se risqua Lenny
- Bonjour l
ami ! répondit joyeusement la petite bête.
- Je suis Lenny, content de te rencontrer.
Enthousiaste, lanimal répondit :
- Je m
appelle Justin. Moi, je suis un marcassin !
- Et moi je suis un agneau,
ajouta Lenny. Pourrais-tu maider je suis à la recherche de…
- UN AGNEAU !? interrogea le petit marcassin.
- Non, je suis à la recherche de…
- MAIS TU ES PLEIN DE PIQUES !
- Bêh je suis dé
guisé, répondit Lenny, gêné davoir oublié ce détail…
- Tu es déguisé en hérisson ? Quelle drôle didée.
- Oui j
ai rencontré un hérisson puis…Bref, pourrais-tu maider à sortir du bois et à rejoindre la bergerie ?
- Sortir du bois ? Moi, je ne sais pas mais on peut demander à maman de nous accompagner.
-
Où est ta maman ? demanda Lenny, soulagé.
- Elle n
est pas loin, elle déjeune des glands. Mais elle naime pas trop être dérangée durant ses repas. Attendons quelle ait fini… On pourrait jouer !
- Tr
ès bien, à quoi veux-tu jouer ? Au cochon pendu ?
- Pff jy joue tout le temps, non. Je veux jouer à saute-mouton !
Lenny acquiesça dun sourire :allons-y !”

Les deux copains rigolaient bien, sautant lun par-dessus lautre en inventant à chaque fois de nouveaux défis :
- À une patte !
- Les yeux fermés !
- Saut en vrille ! Youhou !
- Saut périlleux !!!


Justin s’élança avec la grâce du marcassin, souleva son arrière-train, commença son super saut périlleux et retomba, dos le premier sur Lenny qui avait gardé son déguisement de hérisson.

                                                 


- Ouille !!! Les pleurs de Justin le marcassin étaient si stridents ! Lenny s'inquiéta :

-   Ça va ? tu veux que jappelle ta mam…
- MAMAN !
cria Justin.

Derrière Lenny, deux oreilles poilues se dessinaient entre les fougères.
Une silhouette imposante avança, l
animal était cinq fois plus gros que Lenny, le poil dru, la respiration bruyante.


                                        

-   La bête se précipita sur le pauvre Lenny qui dun bond évita lattaque de justesse.
Lenny venait de réaliser que les marcassins sont en fait les bébés des sangliers. Peio lui avait déjà parlé des sangliers et il savait qu
ils pouvaient être très dangereux, surtout quand on sapprochait de leurs petits.


Peio, si seulement il pouvait être là…” pensa Lenny.
Il bondissait de foug
ère en fougère, par-dessus les ronces et les roches, il dévalait des côtes abruptes espérant semer son poursuivant. La laie -cest comme ça quon appelle la maman sanglier- ne semblait pas vouloir abandonner.

 

Lenny devait fuir le plus loin possible de la laie enragée. Mais où allait-il à grandes enjambées ? Allait-il réussir à semer à la maman de Justin ? Allait-il réussir à rentrer auprès des siens ? Rendez-vous le mois prochain pour découvrir la suite des aventures de Lenny !

Lenny bêlait, espérant de l’aide, mais qui pouvait encore venir le sauver ?

Il était trop descendu dans les bois. Il se retrouva devant une paroi trop pentue pour être escaladée.

Le souffle de la laie résonnait derrière lui, la poussière dégagée sous ses sabots remplissait l’atmosphère.

Aucune échappatoire ne s’offrait au petit agneau.

Lenny ferma les yeux.

La laie chargea !

                                          

WOUF ! WOOOUF !
Cet aboiement, rauque et profond. Oui !
- PEIO !
cria lagneau.
Le majestueux patou se dressait devant la laie, protégeant de son corps le petit Lenny.
- WOUF ! Déguerpis ou SINON ! WOOUF !
Lenny était si heureux de voir son ami, mais il était aussi très inquiet. Peio était grand et fort mais la bête à qui il faisait face était furieuse. Peio ne dit plus rien, il regardait intensément lassaillant.
Le temps semblait figé, des minutes, des heures ? Le face à face durait depuis combien de temps ?
Comme ce moment semble long” pensa Lenny, toujours aussi inquiet.
- MAMAN ! Maman revient, il est gentil ! Ne lui fais pas de mal ! cria Justin au loin.
La laie tourna la tête, regarda une dernière fois Peio et Lenny puis s
en alla d
un pas rapide.

                                                        

- Bon sang, Lenny, qu’est-ce qui t’a pris ? interrogea Peio.

- Je suis désolé, je voulais vous montrer que j’étais assez doué pour me débrouiller seul.

- Lenny, mon petit. Tu n’as pas besoin de te débrouiller seul. Parce qu’on est là.

C’est la force du troupeau et des amis. On n’a pas besoin d’être seul pour vivre une aventure.

- Mais tu ne m’aurais jamais laissé partir à l’aventure et encore moins dans les montagnes.

- Lenny, on partira à l’aventure, tous ensemble. On arpentera les montagnes et on se fera des souvenirs inoubliables.

Lenny retrouva avec joie sa famille, son troupeau et ses amis.

  

Il avait encore plein d'aventures à vivre, mais les prochaines fois il les vivrait avec ses proches.

La vie d’un troupeau de brebis est en fait pleine de péripéties et de rebondissements. Il avait vraiment hâte de découvrir la vie de haute montagne.

Lenny était un petit agneau qui vivait au pied des Pyrénées.

Il aimait beaucoup son troupeau mais ce qu'il aimait encore plus, c'était de partir à l'aventure.

Il rêvait de parcourir les routes au printemps pour arpenter ces montagnes pleines de mystères.

 

Pour patienter, il allait tous les jours dans la remise où se trouvait les cloches que l'on accroche aux brebis lors de la transhumance. On les appelle "les sonnailles". Tous les jours, Lenny les faisait sonner. Elles produisaient, aux oreilles de Lenny, la douce mélodie de la liberté et de l'aventure.

 

Seulement, ce jour-ci, alors qu'il entrait dans le bâtiment, Lenny surprit une conversation :

- Quoi ?! mais voyons, où sont-elles ?!

C'était la voix de Charlie, la border collie, qui avait l'air très contrariée. Devant elle se tenait Tonton Lino :

- Je t'ai dit je ne sais pas où elles sont... avait-il répondu en faisant sa tête habituelle de bouc désabusé.

 

                                                          

 

 

Lenny frissonna : les sonnailles n'étaient plus là et son petit coeur se mit à battre très fort. Les larmes lui montaient aux yeux.

- Mais qu'est ce qui se passe enfin ? Où sont les sonnailles bon sang ? C'est très grave. Elles permettent aux bergers de nous entendre et de nous retrouver en cas de besoin. Si nous n'avons plus de sonnailles, nous ne pourrons plus partir en estive ! s'inquiétait Lenny.

La culpabilité se lisait maintenant sur le visage de tonton Lino. Et Lenny comprenait tout de suite ce que cela voulait dire : 

- QUOI ?! TONTON LINO, c'est toi qui les a perdues ? Mê Mê Mê, COMMENT ?!

Lino prit un air très grave et déclara :

- Lenny mon petit. Tu-ne-me-croira-jamais...

- HO NON, NON, NON. Pas un de tes "tu-ne-me-croira-jamais" ! s'agaçait Lenny.

                                                         

Mais trop tard, Lino continuait sur sa lancée, sans plus prêter attention à son neveu. Les yeux dans la vague comme possédé, il détaillait ce que nul ne croirait jamais :

- Cette nuit, alors que le troupeau était endormi, un éclair avait déchiré le ciel mais sans un bruit.

Et, en UN INSTANT, il avait fait jour, mais pas un jour pâle d'automne, NoOoOn, un grand jour d'été, un jour si éblouissant qu'il avait transpercé mes paupières fermées. Une silhouette majestueuses se tenait au milieu de la prairie : c'était elle qui éclairait ainsi la nuit ! J'avais pris mon courage à deux mains et m'étais approché de la créature et... Vous-ne-me-croirez-jamais !

- Mouais, dis toujours, pour voir, soufflait Lenny.

- UNE LICORNE ! criait Lino.

- NON MAIS T'ES SERIEUX TONTON ?!! explosait Lenny.

- Elle était là, magnifique, devant moi comme toi à l'instant, Lenny. La pauvre licorne pleurait, et quand je lui avais demandé ce qui la tourmentait, elle m'avait expliqué qu'elle était censée chercher des sonnailles pour son propre troupeau. Seulement, cela faisait déjà des jours qu'elle errait. Désamparée, elle m'avait demandé de l'aide. Je suis un grand sentimentale vous me connaissez, j'ai été si ému par sa requête.. Que je lui ai donné nos sonnailles.

Lenny et Charlie regardaient tonton Lino l'air hagard.

- Et c'est comme ça que j'ai perdu nos sonnailles, concluait fièrement tonton Lino.

- De toute évidences, on ne saura jamais ce qui est arrivé à nos sonnailles, disait Charlie.

Lenny bouillonnait :

- C'est hors de question ! C'est hors de question qu'on ne passe pas l'été à la montagne !

Nous n'allons pas laisser cette histoire de licorne nous gâcher notre estive. Charlie et Lino, vous venez avec moi : nous allons en requête de nouvelles sonnailles.

 

Ils se mirent en route pour Nay, où se trouvait l'un des deniers artisans fabricants des sonnailles en France. Ils savent que, là-bas, ils pourraient trouver les meilleures sonnailles du pays pour leur troupeau.

 

Mais s'attendaient-ils seulement à ce qui leur arriverait sur le chemin ?

Lenny était un petit agneau qui vivait au pied des Pyrénées.

Il aimait beaucoup son troupeau mais ce qu'il aimait encore plus, c'était de partir à l'aventure.

Il rêvait de parcourir les routes au printemps pour arpenter ces montagnes pleines de mystères.

 

Pour patienter, il allait tous les jours dans la remise où se trouvait les cloches que l'on accroche aux brebis lors de la transhumance. On les appelle "les sonnailles". Tous les jours, Lenny les faisait sonner. Elles produisaient, aux oreilles de Lenny, la douce mélodie de la liberté et de l'aventure.

 

Seulement, ce jour-ci, alors qu'il entrait dans le bâtiment, Lenny surprit une conversation :

- Quoi ?! mais voyons, où sont-elles ?!

C'était la voix de Charlie, la border collie, qui avait l'air très contrariée. Devant elle se tenait Tonton Lino :

- Je t'ai dit je ne sais pas où elles sont... avait-il répondu en faisant sa tête habituelle de bouc désabusé.

 

                                                          

 

 

Lenny frissonna : les sonnailles n'étaient plus là et son petit coeur se mit à battre très fort. Les larmes lui montaient aux yeux.

- Mais qu'est ce qui se passe enfin ? Où sont les sonnailles bon sang ? C'est très grave. Elles permettent aux bergers de nous entendre et de nous retrouver en cas de besoin. Si nous n'avons plus de sonnailles, nous ne pourrons plus partir en estive ! s'inquiétait Lenny.

La culpabilité se lisait maintenant sur le visage de tonton Lino. Et Lenny comprenait tout de suite ce que cela voulait dire : 

- QUOI ?! TONTON LINO, c'est toi qui les a perdues ? Mê Mê Mê, COMMENT ?!

Lino prit un air très grave et déclara :

- Lenny mon petit. Tu-ne-me-croira-jamais...

- HO NON, NON, NON. Pas un de tes "tu-ne-me-croira-jamais" ! s'agaçait Lenny.

                                                         

Mais trop tard, Lino continuait sur sa lancée, sans plus prêter attention à son neveu. Les yeux dans la vague comme possédé, il détaillait ce que nul ne croirait jamais :

- Cette nuit, alors que le troupeau était endormi, un éclair avait déchiré le ciel mais sans un bruit.

Et, en UN INSTANT, il avait fait jour, mais pas un jour pâle d'automne, NoOoOn, un grand jour d'été, un jour si éblouissant qu'il avait transpercé mes paupières fermées. Une silhouette majestueuses se tenait au milieu de la prairie : c'était elle qui éclairait ainsi la nuit ! J'avais pris mon courage à deux mains et m'étais approché de la créature et... Vous-ne-me-croirez-jamais !

- Mouais, dis toujours, pour voir, soufflait Lenny.

- UNE LICORNE ! criait Lino.

- NON MAIS T'ES SERIEUX TONTON ?!! explosait Lenny.

- Elle était là, magnifique, devant moi comme toi à l'instant, Lenny. La pauvre licorne pleurait, et quand je lui avais demandé ce qui la tourmentait, elle m'avait expliqué qu'elle était censée chercher des sonnailles pour son propre troupeau. Seulement, cela faisait déjà des jours qu'elle errait. Désamparée, elle m'avait demandé de l'aide. Je suis un grand sentimentale vous me connaissez, j'ai été si ému par sa requête.. Que je lui ai donné nos sonnailles.

Lenny et Charlie regardaient tonton Lino l'air hagard.

- Et c'est comme ça que j'ai perdu nos sonnailles, concluait fièrement tonton Lino.

- De toute évidences, on ne saura jamais ce qui est arrivé à nos sonnailles, disait Charlie.

Lenny bouillonnait :

- C'est hors de question ! C'est hors de question qu'on ne passe pas l'été à la montagne !

Nous n'allons pas laisser cette histoire de licorne nous gâcher notre estive. Charlie et Lino, vous venez avec moi : nous allons en requête de nouvelles sonnailles.

 

Ils se mirent en route pour Nay, où se trouvait l'un des deniers artisans fabricants des sonnailles en France. Ils savent que, là-bas, ils pourraient trouver les meilleures sonnailles du pays pour leur troupeau.

 

Mais s'attendaient-ils seulement à ce qui leur arriverait sur le chemin ?

Le voyage de Lenny, Lino et Charlie jusqu'à nay était bien avancé : ils avaient déjà traversé des collines tranquilles, des rivières rapides et des forêts profondes.

Bien que tonton Lino fut surtout là pour réparer ses bêtises, et malgré la pluie qui tombait déjà depuis deux jours, leur détermination à retrouver de nouvelles sonnailles pour le troupeau était toujours inacte.

 

                                                           

 

Au troisième jour, lorsque la pluie se changea en orage, ils durent traverser le gave (le fleuve qui coulait dans leur région). Sous une pluie battante, Charlie, puis Lino parvinrent à l'autre rive.

Lenny, lui n'était pas réssuré. Sous les éclairs et au-dessus des eaux gonflées par la pluie, l'agneau faisait son possible pour garder l'équilibre. Il n'avait jamais nagé et ne savait même pas s'il en était capable. De plus, avec ce courant, une chute aurait été fatale. Un pas après l'autre, Lennt se frayait un chemin sur les galets émergeant de l'eau.

- Tout va bien Lenny ? demandait la border collie.

- Oui, souriait Lenny, ne t'inquiète p...

Sa patte arrière ripa sur un galet rendu glissant par la mousse. En un instant, on ne voyait plus rien de Lenny.

Charlie courait dans le sens du courant, scrutant la surface du fleuve.

- Lenny ! Lenny ! Criait-elle. J'arrive !

Lenny allait bientôt se noyer, Charlie devait le rejoindre rapidement.

Quand elle entrevit brièvement la patte du petit agneau dépasser des eaux, elle se jeta dans la fleuve.

- Ne t'inquiète pas, Lenny ! Je vais te sauver ! criait-elle

 

Lino ne voyait plus, ni Lenny, ni Charlie :

- Oh bon sang, oh bon sang, répétait Lino, mort d'inquiétude.

Puis, émergeant sur la berge, Charlie tirait l'agneau par sa laine :

- Oh mon Berger, Lenny ! Est-ce que ça va ? s'inquiétait Lino.

- Oui, je vais bien. Charlie merci, tu m'as sauvé, disait Lenny.

- C'est ce que font les amis Lenny, c'est normal. Pfiou, tu m'as fait peur, et nous sommes tous deux trempés jusqu'aux os. Cherchons un refuge où nous pourrons nous réchauffer

                                                           

 

Tonton Lino était encore sous le choc : il oubliait même de suivre ses amis quand ils partirent.

Ils avançaient quelques temps à travers la forêt, en évitant les obstacles et en suivant les chemins les plus sûrs.

La pluie avait cessé quand finalement, ils arrivèrent dans une clairière où se trouvait une petit cabane en bois dont la cheminée était encore fumante.

 

- Enfin ! Nous avons trouvé un refuge pour nous réchauffer, se rassurait Lino.

- C'est génial ! Je ne peux plus attendre pour me réchauffer près du feu, se réjouissait Lenny.

- Mais attendons, messieurs. Il se peut qu'il y ait quelque chose là-dedans, avertissait Charlie. 

Elle s'approcha lentement de la cabane, flairait l'air pour détecter d'éventuels dangers.

Un grognement surgit de l'intérieur. Elle recula en grondant..

- Il y a quelque chose là-dedans. Je sens une odeur de fourrure, peut-être un loup.

Lenny et Lino échangèrent un regard inquiet. Ils savaient que les loups pouvaient être dangereux et qu'ils devaient faire attention.

- Je vais jeter un oeil. Restez ici et soyez prêts à fuir si je vous le dis, alertait Charlie.

Alors que Lino se cachait derrière ses cornes, Charlie entra lentement dans la cabane, prête à faire face au danger. Quelques instants plus tard, quand tonton Lino n'avait presque plus d'onglons à se ronger, la border collie ressortit, suivie d'un petit renard aux longues oreilles.

- Tout va bien, messieurs. Ce n'est pas un loup, mais une petit renarde qui cherchait un endroit où se réfugier, souriait Charlie.

Dans la cabane du garde champêtre, devant le feu, Lenny et Charlie se séchaient en discutant avec Frisette, la renarde qu'ils suivront de rencontrer :

 

                                                                  

   

- Alors comme ça vous vous êtes perdu depuis que vous avez quitté le Gave ? interrogeait Frisette. Je peux vous guider jusqu’à l’artisan sonnailler. Mais à une condition : vous voyez, j’ai perdu mon trésor depuis près d’une semaine. Seul lui peut me rendre heureuse ; je dépéris depuis lors. Aidez-moi à le retrouver et je vous amènerai où vous voulez !

- Marché conclu ! disait Lenny en bondissant, les trésors et les aventures, moi, j’adooore ! 

- Nous devrions décamper avant que le garde champêtre n’arrive, intervenait tonton Lino stressé. 

- En route ! commandait Lenny.  

  

C’est ainsi que la bande d'amis avec leur nouvelle compagne de voyage se mirent sur le chemin du trésor. En route, ils s'arrêtèrent au pied d’un grand arbre. Là, Frisette leur comptait l’histoire de son trésor. Bizarrement, elle le considérait presque comme une personne, allant jusqu’à dire que, lorsqu’elle l’aurait retrouvé, elle serait enfin de nouveau heureuse. Les aventuriers étaient émus par cette petite renarde qui se révélait aussi très débrouillarde dans les bois.

 

                                                                

 

- Comment puis-je t’aider ? demandait Charlie.

- Flaire la piste d’un renard et tu trouveras mon trésor, lui implorait Frisette.

Charlie s’interrogeait : s’est-elle fait voler son trésor ? Mais ce n’était pas son affaire après tout, il lui suffisait de le retrouver. La border collie sentit une piste :

- Suivez-moi les amis, j’ai quelque chose ! informait-elle ses compagnons. 

Ils marchaient d’un bon pas lorsque Charlie s’arrêta brusquement. Ses oreilles se dressèrent. Au loin, les échos d’un premier coup de feu, puis d’un deuxième, suivis d’aboiements. 

- Des chasseurs ! s’inquiétait Lino.

- Certainement une battue. Peut-être chassent-ils le renard ! continuait Lenny.

- Les chiens de chasse approchent rapidement, nous serons bientôt encerclés ! avertissait Charlie.

- Il faut agir, et vite ! réfléchissait Lenny. Je vais servir d’appât pour éloigner les chiens de chasse. Ils ne feront pas de mal à un agneau.

- Tu es fou ! Tu vas te faire prendre ! s’écriait Charlie.

- Oh non, c’est trop dangereux ! paniquait Lino.

- Allez-y bon sang, courez vers le trésor. Je vous retrouverai plus tard devant le grand arbre. Nous devons échapper à la battue, ordonnait Lenny.

Frisette accrocha l’agneau par sa laine et lui dit, les larmes aux yeux : 

- Lenny, Merci.

L’agneau la regardait, souriait et partait en courant dans la direction opposée. Déterminé, Lenny hurla :

- Allez les toutous ! venez me chercher !

Lenny courait à toute jambe. Il avait dit à ses amis que les chiens ne lui ferait pas de mal, mais rien n'était moins sûr. Il y avait des risques pour que, dans l’excitation, ceux-ci le mordent, tout agneau qu’il était.

Avec ce constat bien en tête, il fallait absolument qu'il sorte de là et trouver un moyen de leur échapper. Grimper à un arbre ? Il ne serait pas assez rapide, il ne grimpe pas bien aux arbres. Se jeter dans la rivière ? Trop dangereux, il n'était pas bon nageur. Courir ? Oui courir, zigzaguer, gagner du temps faute de mieux.

À gauche, à droite, à gauche… Il devait réfléchir, vite : il était petit, plus que les chiens ; il devait trouver un passage que seul lui peut emprunter. 

Mais oui ! Il se rappela d’un tunnel de ronces et de buissons devant lequel il venait de passer. Les chiens auraient du mal à le suivre à travers cet étroit passage.

 

                                                         

Demi-tour ! Il décida de foncer : Lenny devait arriver au tunnel avant les chiens qui se trouvaient droit devant lui.  C’était sa dernière chance : plus vite Lenny ! Le tunnel se dessinait mais les chiens de chasse se rapprochaient rapidement. Plus que quelques mètres et Lenny sauta ! Toutes dents dehors, les chiens claquèrent leur mâchoire. De l’agneau, ils ne réussissaient à attraper que quelques touffes de laine. 

Lenny se frayait un chemin à travers les buissons et les ronces, se faufilant sous les branches basses et sautant par-dessus des arbres couchés. Les chiens aboyaient encore ; ils essayaient certainement de passer eux aussi. Y arrivaient-ils ? Ne pas se retourner, continuer : le petit agneau courageux voyait bientôt le bout du tunnel. Il se retournait et voyait les chiens coincés en contrebas. Il s’employait à passer à travers les ronces mais sans succès. 

Après quelques minutes, le rappel de leurs maîtres signait la fin de leurs efforts. Lenny soufflait de soulagement : bien que secoué par cette épreuve, il était sauf. Il se dirigeait enfin vers le lieu de rendez-vous en espérant que ses amis aussi s’en étaient sortis.

 

                                                       

 

Les étoiles habillaient le ciel. Sous le grand arbre, Lenny profitait d’un sommeil bien mérité. Au petit matin, alors que le soleil pointait son nez, un chant rempli de gaieté lui fit lever les oreilles : 

 

- Ha c’est qui le pluuuus courageux des animaux ! C’est Lino, c’est Lino, c’est Lino le costaaaaaud ! chantait modestement Lino. 

Lenny ouvrit les yeux : 

- Les amis ! criait le petit agneau. 

Ils se jetèrent dans les bras de Lenny en riant et pleurant de joie. 

 

En lieu et place du trésor, un renard blanc les accompagnait : c’était Blizzard, un renard blanc échappé d’un zoo. 

Frisette et lui étaient tombés amoureux. Il y a une semaine, ils avaient été séparés par une battue. 

C’était donc cela le trésor de Frisette. Lenny souriait : il est vrai que le bonheur est un véritable trésor. Maintenant qu'ils l’avaient retrouvé, ils leur restaient une mission à accomplir : 

- Il faut aller chercher nos nouvelles sonnailles, EN ROUTE ! disait Lenny. 

Frisette ouvrait la voie : grâce à sa grande connaissance des bois et des villages, ils arrivèrent promptement à Nay. 

La petite renarde avait tenu sa promesse en leur montrant l’atelier de l’artisan qui fabriquait les sonnailles. 

L’artisan, bien qu’étonné de voir ces animaux à la porte de son atelier, les accueillait chaleureusement et leur montrait une variété de sonnailles. Lenny, Lino et Charlie choisirent des sonnailles pour leur troupeau : des petites, des grandes, des aiguës et des graves. Heureuse, la joyeuse bande rebroussait chemin. 

Quand ils rentrèrent chez eux, tout le monde était étonné et émerveillé de voir ces nouvelles sonnailles si brillantes et musicales. 

 

Lenny était heureux d’avoir rendu service au troupeau et d’avoir vécu tant d’aventures. Maintenant il n’avait plus qu’une hâte : partir en estive dans ces montagnes remplies de mystères.